Les plantes sont connues pour être capables de s’adapter à toutes sortes de milieux extrêmes. De manière extraordinaire, certaines plantes poussant sur des sols riches en métaux, concentrent dans leurs feuilles de très importantes quantités d’éléments comme le nickel, le manganèse ou le zinc ; elles sont dites hyperaccumulatrices. Ces plantes présentent des perspectives intéressantes pour résoudre des problèmes liés la restauration écologique des sites miniers ou la dépollution des sols. Aidez-nous à compléter l’inventaire de ces plantes surprenantes !
Les plantes puisent dans le sol les éléments minéraux dont elles ont besoin pour se développer, y compris des microéléments comme le fer ou le zinc qui sont nécessaires en petite quantité. Certains sols, comme les serpentines ou les terrains miniers, sont naturellement riches en métaux, ce qui peut les rendre toxiques pour la majorité des plantes (« la dose fait le poison »). La plupart des plantes capables de pousser sur ces sols excluent les métaux lorsqu’ils sont trop abondants, mais quelques-unes, beaucoup plus rares, ont une toute autre stratégie. Elles absorbent ces éléments en grande quantité et les stockent dans leurs feuilles. On les appelle des plantes hyperaccumulatrices.
On connait à l’heure actuelle des plantes hyperaccumulatrices de nickel, de manganèse, de zinc et de cadmium. Pourquoi accumulent-elles autant de métaux ? On ne le sait pas encore. L’hypothèse fréquemment avancée est que les fortes concentrations de métaux décourageraient les herbivores de manger ces plantes, ou bien cela leur permettrait de se protéger des pathogènes. Certaines espèces ont des teneurs exceptionnelles en métaux, pouvant dépasser 1% du poids sec des feuilles. Le record est toujours détenu par un arbre endémique de Nouvelle-Calédonie, Pycnandra acuminata. Cette plante est unique par son latex bleu en raison d’une teneur en nickel atteignant 25% du poids sec ! Comment ces plantes survivent à de si fortes teneurs en métaux ? On pense que ces métaux seraient séquestrés dans un compartiment de la cellule, la vacuole, en les associant avec des petites molécules organiques (« chélateurs ») qui les neutraliseraient. A nouveau, on n’en sait encore peu.
(De gauche à droite) : Latex bleu de Picnandra acuminata (photo S. Merlot) ; floraison de Bornmuellera tymphaeae, hyperaccumulateur de nickel endémique du nord de la Grèce (photo G. Echevarria) ; Geissois lanceolata, plante hyperaccumulatrice de nickel, endémique de Nouvelle-Calédonie (photo Y. Pillon).
Les plantes hyperaccumulatrices de métaux offrent de nombreuses perspectives pour résoudre des problèmes de notre quotidien. Elles sont intéressantes car elles sont d’emblée capables de se développer sur des milieux toxiques, mais surtout par leur capacité d’absorption des métaux. Quelques usages potentiels :
La phytostabilisation : Des végétaux sont plantés dans un milieu pour fixer un polluant et l’empêcher de s’épandre dans des zones non-polluées.
La phytoextraction : On utilise des plantes pour extraire des métaux du sol. Cela peut être soit pour dépolluer un sol contaminé, ou extraire un métal d’un sol naturellement riche en celui-ci, plutôt que d’utiliser des pioches, des tractopelles ou des produit chimiques. Ces métaux peuvent ensuite être recyclés à partir de la biomasse et être utilisés comme des catalyseurs (« accélérateurs ») dans l’industrie chimique pour la synthèse d’arôme ou de médicaments.